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Avant-propos |
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Le
don des langues, si vivant dans l'Église primitive, a fait
soudain irruption dans l'Église de notre temps à la
faveur du Renouveau dans l'Esprit Saint.
Les témoignages abondent qui nous permettent de mieux connaître
ce charisme de l'Esprit et de mieux apprécier les fruits
spirituels dont il est porteur.
Mais tout est déjà dans la Sainte Écriture,
chez Saint Paul surtout qui nous fait bénéficier des
révélations de l'Esprit Saint, et son enseignement
est lui-même tout appuyé sur son expérimentation
personnelle de ce charisme et sur son expérience pratique
des groupes de prière.
Le but de la présente brochure est de montrer qu'il est possible
de bien connaître ce charisme en s'appuyant sur la Parole
de Dieu; qu'il est simple de céder à l'Esprit Saint
et de laisser jaillir de son cur cette prière ou ce
chant "en esprit"; et que ce don de prière s'avère
un atout précieux pour tous ceux qui s'adonnent à
la prière et en particulier à la prière d'oraison.
(HAUT)
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Tout repose
sur la foi en la Parole de Dieu.
"Jésus
leur dit une parabole sur ce qu'il leur fallait toujours prier
sans jamais se lasser" (Lc 18,1).
"Vivez dans la prière et les supplications; priez
en tout temps, dans l'Esprit; apportez-y une vigilance inlassable
et intercédez pour tous les saints" (Ep 6, 18).
Ces deux
textes ont inspiré de façon particulière
la composition de cette brochure sur "la prière
en esprit" pour faciliter l'habitude de recourir à
Dieu dans la prière. Il faut se rappeler que "toute
Écriture est inspirée de Dieu," dit l'Apôtre
(2 Tm 3, 16). Dans la Constitution dogmatique sur la Révélation
divine de Vatican II, l'Église universelle est venue
nous rappeler le vrai sens de la foi en la Parole de Dieu. Parlant
de l'inspiration de la Sainte Écriture, voici ce qu'affirme
ce document conciliaire:
Ce
qui a été divinement révélé,
et qui est contenu et exposé dans la Sainte Écriture,
a été consigné sous l'inspiration du Saint-Esprit.
Les livres entiers tant de l'Ancien que du Nouveau Testament,
avec toutes leurs parties, la Sainte Mère Église
les tient, en vertu de la foi reçue des Apôtres,
pour saints et canoniques, parce que, composés sous l'inspiration
du Saint-Esprit, ils ont Dieu pour auteur, et ont été
transmis comme tels à l'Église elle-même.
Pour la rédaction des livres saints, Dieu a choisi des
hommes; il les a employés en leur laissant l'usage de
leurs facultés et de toutes leurs ressources, pour que,
Lui-même agissant en eux et par eux, ils transmettent
par écrit, en auteurs véritables, tout ce qu'Il
voulait, et cela seulement.
Donc, puisqu'on doit maintenir comme affirmé par le Saint-Esprit
tout ce qu'affirment les auteurs inspirés ou hagiographes,
il s'ensuit qu'on doit confesser que les livres de l'Écriture
enseignent nettement, fidèlement et sans erreur, la vérité
telle que Dieu, en vue de notre salut, a voulu qu'elle fût
consignée dans les Saintes Lettres.
C'est pourquoi "toute Écriture est inspirée
de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser,
former à la justice: l'homme de Dieu peut ainsi se trouver
accompli, équipé pour toute bonne uvre"
(2 Tm 3, 16-17) (Dei Verbum, 11).
Appuyés
solidement sur la véracité de la Parole de Dieu
telle qu'enseignée par l'Église, nous vous invitons
à lire et à méditer ce présent enseignement
sur le don des langues, fruit de notre méditation, mais
surtout fruit de notre vécu, de notre propre expérience
spirituelle.
La pratique
du don des langues est inscrite dans la Règle de vie
des Pauvres de Saint-François et contribue pour beaucoup
à la vitalité des autres dons, entre autres ceux
de prophétie et de discernement.
Le renouveau
des charismes de l'Esprit à notre époque, de même
que l'expérimentation que nous en faisons bien modestement
pour notre part, est en soi une merveille de Dieu, un signe des
temps que le Seigneur fait à l'Église et au monde
de notre temps.
De telles
manifestations dites prophétiques étaient pourtant
chose courante dans l'Église primitive: elles sont même
décrites dans les Écritures, en particulier par
Saint Paul dans sa première Épître aux Corinthiens
au chapitre 14. (HAUT)
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Deux facettes
du don de prière.
Lorsqu'il
traite du don des langues, Saint Paul départage deux types
de prière, définit deux façons de prier quand
il écrit:
"Si
je prie en langues, mon esprit est en prière, mais mon
intelligence n'en retire aucun fruit. Que faire donc? Je prierai
en esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence. Je chanterai
une hymne en esprit, mais je le chanterai aussi avec l'intelligence"
(1 Co 14, 14-15).
Il parle donc
bien de deux types de prière: l'une qui est faite avec
l'intelligence, et l'autre qui est faite en esprit. (HAUT)
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"Je
prierai avec mon intelligence..." (1 Co 14, 15).
Quand
je récite le Notre Père, ou que je récite
quelque oraison jaculatoire comme, par exemple: 'Seigneur Jésus
Christ, prends pitié de moi qui suis pécheur'; ou
encore: 'Cur Sacré de Jésus, j'ai confiance
en vous', je prie avec mon intelligence; en effet, je prie en
termes parfaitement intelligibles, j'ai la compréhension
de ce que je dis de même que ceux qui m'entendent si je
prie à haute voix.
C'est le Seigneur
Jésus lui-même qui nous a enseigné à
prier, c'est lui qui nous a enseigné le Notre Père
à la demande d'un de ses disciples (Lc 11, 1-4). Il n'a
donc rien contre la prière faite "avec l'intelligence".
De même,
quand je récite l'Office divin, en groupe ou en privé,
l'Office divin qui est la prière officielle de l'Église,
je comprends ce que je dis, je prie "avec mon intelligence".
Ou encore,
quand je formule une prière au Seigneur dans le secret
de mon cur, quand je lui dis que je l'adore, que je l'aime,
ou que je lui demande pardon pour mes péchés ou
lui recommande telle ou telle intention, je comprends ce que je
dis, je prie donc "avec mon intelligence".
Même
si je peux affirmer que je prie dans la paix de l'Esprit Saint,
et même sous l'action de l'Esprit Saint, mon intelligence
joue son rôle propre dans ce que je dis puisque je le fais
en termes intelligibles et parfaitement compréhensibles.
De même
aussi quand je prophétise: bien que ce soit des paroles
venant de l'Esprit Saint que je prononce en exerçant le
charisme de prophétie, acceptant de donner pour l'édification
de mon prochain ces mots jaillis mystérieusement en mon
cur, je comprends parfaitement les paroles qui sortent de
ma bouche, j'en ai l'intelligence et l'assemblée aussi;
j'exprime donc ces mots avec mon intelligence en même temps
que j'exerce un don spirituel. (HAUT)
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"...
mais je prierai aussi en esprit" (1 Co 14, 15).
Le don des langues est un don de prière qui vient de l'Esprit
Saint, qui est le propre de l'Esprit Saint, une prière
faite de syllabes et de mots qui jaillissent en mon cur
et sur mes lèvres, et que j'accepte de sonoriser et d'articuler
dans un acte de foi, des mots dont je n'ai pas la compréhension
avec ma raison et qu'il est impossible à mon intelligence
de décoder.
Une prière
qui est donc pur acte de foi, qui m'oblige à marcher sur
les eaux de la foi nue puisque, d'une part, je n'ai pas l'intelligence
de ce que je dis, et que, d'autre part, ni mes sens internes ni
mes sens externes n'en retirent quelque satisfaction que ce soit,
si ce n'est cette onction indéfinissable de paix qui se
manifeste et qui est la marque de l'Esprit Saint visitant mon
âme.
C'est un acte
de foi et non de raisonnement, acte de foi pur, si déboussolant
pour les grands que nous sommes!
Au chapitre
14, verset 15 de cette première épître aux
Corinthiens, la néo-Vulgate porte bien: "Orabo spiritu",
ce qu'il faut rendre par: "Je prierai en esprit";
et "Psallam spiritu", ce qu'il faut traduire par: "Je
chanterai en esprit, je chanterai un psaume, un cantique,
une hymne en esprit."
Il est légitime
de penser que c'est bien ces chants en langues que désigne
Saint Paul sous le terme de "cantiques inspirés"
quand il écrit aux Colossiens:
"Chantez
à Dieu de tout votre cur avec reconnaissance, par
des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés"
(Col 3, 16). (HAUT)
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S'abandonner
à l'action de l'Esprit Saint.
Prier en langues
ou "prier en esprit" consiste, sous l'action de l'Esprit
Saint, à accepter de quitter une prière faite de
mots et de phrases du langage courant pour utiliser une langue
nouvelle, la plupart du temps incompréhensible des hommes,
mais compréhensible de Dieu car il en est l'inspirateur.
Comme le signale Saint Paul:
"Celui
qui parle en langues ne parle pas aux hommes mais à Dieu"
(1 Co 14, 2).
Cela requiert
de demander à l'Esprit Saint qu'il vienne lui-même
louer par notre propre bouche, de s'abandonner à l'action
de l'Esprit Saint jusqu'à accepter de balbutier, comme
le petit enfant, des syllabes incompréhensibles, par amour,
et à croire dans la foi que ce sont là "les
gémissements ineffables" dont parle Saint Paul (Rm
8, 26).
En fait, dans
la pratique, l'exercice de ce charisme demande une grande humilité
et petitesse, et une foi solide, car il n'est pas simple dans
notre prière de renoncer à tout comprendre.
Oui, nous
sommes des grands avec nos études et nos connaissances
qui nous sont venues et qui nous viennent chaque jour de toutes
sortes de sources et dont nous sommes encombrés comme des
mulets surchargés; études et connaissances auxquelles
nous sommes attachés comme des avares à leurs trésors
et qui nous sont plus chères que nous-mêmes tellement
elles font partie de nos personnes et de nos personnalités.
Se laisser
aller à balbutier comme des bébés, peut-il
y avoir chose plus déboussolante pour un esprit du 21e
siècle habitué à tout raisonner, à
tout disséquer, à tout analyser! (HAUT)
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Osez donner
une voix à ces "gémissements ineffables"
de l'Esprit qui montent en vous!
Mais
c'est cet Esprit - répandu en nous à profusion!
- "qui se joint en personne à notre esprit" pour
nous donner de nous écrier: "Abba! Père!",
ainsi que: "Jésus est Seigneur" (cf. Rm 8, 16-15;
1 Co 12, 3), et pour "intercéder pour nous en des
gémissements ineffables!" (Rm 8, 26).
Car, par nous-mêmes,
nous ne savons pas prier (cf. Lc 11, 1-4), et souvent nous prions
mal, nous dit Saint Jacques, imbus que nous sommes de nos passions
et de l'esprit du monde (cf. Jc 4, 2c-4).
"Nous
ne savons que demander pour prier comme il faut!" Voilà
pourquoi "l'Esprit vient au secours de notre faiblesse;
l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements
ineffables!" (Rm 8, 26), en particulier par le don des
langues, par le "prier en esprit".
Ces gémissements
ineffables montent au cur de qui veut bien les entendre
et les laisser jaillir de sa bouche. Ce don de prière est
"répandu" merveilleusement du Royaume des cieux
par le Christ ressuscité (Ac 2, 33) pour donner aux fils
du Royaume de prier en esprit, de laisser monter vers Dieu une
hymne de louange et d'action de grâce en esprit et d'adorer
en esprit et en vérité, car
"ce
sont là les adorateurs tels que les veut le Père.
Dieu est Esprit, et ceux qui adorent, c'est en esprit et vérité
qu'ils doivent adorer" (Jn 4, 23-24). (HAUT)
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Cette
présence agissante de la Personne de l'Esprit Saint en
tout baptisé!
Il
est plus que légitime pour un baptisé de chercher
à en savoir plus sur l'Esprit Saint, et sur les dons de
l'Esprit Saint, comme nous le faisons ici pour le don des langues,
car cet Esprit qui vient de Dieu et qui est Dieu nous a été
donné et nous l'avons reçu précisément
"afin de connaître les dons que Dieu nous a faits",
dit Saint Paul (1 Co 2, 12).
C'est pourquoi
l'Apôtre écrit, au moment de se lancer dans ses explications
au sujet des charismes: "Pour ce qui est des dons spirituels,
frères, je ne veux pas vous voir dans l'ignorance"
(1 Co 12, 1).
Il faut prendre
conscience de cette réalité, que l'Esprit Saint
est présent en nous avec tous ses dons! Et bien que cette
réalité soit toute spirituelle, elle n'en est pas
moins bien réelle et bien concrète.
Non seulement
est-ce une vérité de notre foi maintes fois attestée
par la Parole de Dieu et l'enseignement de l'Église, mais
c'est encore une vérité qui n'a rien de théorique
car tout chrétien, tout baptisé peut en faire l'expérience
pour peu qu'il soit attentif à cette présence en
lui, à ce doux souffle qui le pacifie ou le fait prier,
qui tantôt lui apporte une lumière, tantôt
une inspiration - inspiration de faire le bien ou d'éviter
telle parole, telle attitude ou tel acte mauvais.
Depuis notre
Baptême, la Personne de l'Esprit Saint est à l'uvre
en chacun de nous et cela de façon bien réelle,
et tous ont pu en faire l'expérience en leur vie selon
le degré d'attention et de coopération à
cette réalité.
En effet, Dieu notre Père et Sauveur, "poussé
par sa seule miséricorde, nous a sauvés par le bain
de la régénération et de la rénovation
en l'Esprit Saint. Et cet Esprit, il l'a répandu sur nous
à profusion par Jésus Christ notre Sauveur"
(Tt 3, 5-6). "À profusion"! (Rm 5, 15, 17).
Donc, puisque
l'Esprit de Dieu habite en nous, nous ne sommes pas dans la chair,
mais dans l'Esprit (cf. Rm 8, 9).
L'Esprit qui
nous a été donné a répandu l'amour
de Dieu en nos curs ainsi que ses dons: ses dons sanctifiants
selon que l'Esprit est appelé Esprit aux sept dons (cf.
Is 11, 2-3a), et ses dons charismatiques spécifiquement
ordonnés à l'édification et au bien commun
des membres du Corps que nous formons en tant qu'Église
du Christ.
Mais si l'Esprit
est présent en nous avec tous ses dons, - car ce n'est
pas un petit morceau d'Esprit Saint que nous avons reçu
au Baptême -, dans la pratique cependant les dons ne sont
pas tous agissants en même temps dans une même personne.
Un exemple
suffira pour comprendre cet état de fait. Le charisme de
gouverner, charisme nommé par Saint Paul en 1 Co 12, v.
28, ne sera certainement pas aussi agissant chez un chrétien
qui n'a aucune responsabilité particulière dans
la vie, que chez un pasteur d'âmes - le Saint-Père,
par exemple - ou dans le cur d'un chrétien engagé
socialement.
Voilà
pourquoi Saint Paul dit qu'il y a diversité de dons spirituels,
de ministères et d'opérations, et il ajoute:
"À
chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue
du bien commun" (1 Co 12, 7). (HAUT)
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Manifestations
du don des langues dans l'Église primitive.
Le
don des langues: manifestation spectaculaire de l'Esprit Saint
au jour de la Pentecôte, jour premier de l'Église.
"Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent
à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait
de s'exprimer" (Ac 2, 4).
Mais ici,
dans ce cas précis de la Pentecôte, il s'agit d'une
facette bien particulière du don des langues, où
l'Esprit donne de parler en d'autres langues humaines et où
les auditeurs entendent parler chacun sa propre langue maternelle.
Ce phénomène,
savamment identifié sous le nom de "xénoglossie",
s'est reproduit de nos jours d'une façon ponctuelle dans
certaines assemblées de prière: un chant ou un message
en langues - dans une langue tout à fait étrangère
aux gens de l'assemblée -, est pourtant reconnu et parfaitement
compris par une personne de telle nationalité présente
dans le groupe, et je peux témoigner personnellement d'une
telle merveille.
Mais ce n'est
manifestement pas de cet aspect du don des langues dont Saint
Paul traite en 1 Co 14. Au jour de la Pentecôte, en effet,
- le texte des Actes est clair -, il s'agit de langues aux repères
bien définis et identifiables, parfaitement intelligibles
par les gens de telle ou telle nationalité, ce qui n'était
pas du tout le cas à Corinthe.
Saint Paul
affirme, en effet, et de toutes sortes de manières, qu'il
s'agit de mots inintelligibles, de paroles ou de prières
"que personne ne comprend" (14, 2, 9), de "sons
confus" (v. 8) et indistincts (v. 9) dont on ignore la valeur
(v. 11), langage "barbare" (v. 11), langage de "fous"
(v. 23).
Il parle de
paroles qui ont l'apparence d'un langage, langage incompréhensible
pour celui qui parle comme pour ses auditeurs.
On reconnaît
dans ce que décrit Saint Paul en 1 Co 14 et qu'il nomme
"prière en esprit", - "glossolalie"
pour les spécialistes -, ces manifestations spectaculaires
de l'Esprit fondant sur les nouvelles communautés chrétiennes
qui s'ouvraient à la foi en recevant le Baptême.
Saint Luc
nous en rapporte deux cas dans les Actes:
"Pierre
parlait encore quand l'Esprit Saint tomba sur tous ceux qui
écoutaient la parole. Et tous les croyants circoncis
qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits
de voir que le don du Saint-Esprit avait été répandu
aussi sur les païens. Ils les entendaient en effet parler
en langues et magnifier Dieu" (Ac 10, 44-46).
"Et
quand Paul leur eut imposé les mains, l'Esprit Saint
vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et
à prophétiser" (Ac 19, 6).
Il s'agit
dans ces deux cas de "saisies" pour le moins extraordinaires,
saisies comme il s'en est vu de nos jours et dont j'affirme encore
ici avoir été témoin et plus d'une fois:
une personne désireuse de prier ou de chanter en langues,
et qui, docile comme un petit enfant à l'enseignement donné,
se met tout à coup à prier ou à chanter en
langues tel un virtuose, laissant jaillir de ses lèvres
un parler nouveau, un chant nouveau et saisissant qui vous en
donne des frissons!
Mais je le
répète, pour possibles qu'elles soient, ces saisies
exceptionnelles ne sont pas la manière ordinaire de procéder
de l'Esprit Saint.
(HAUT)
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Mais
alors, la question se pose ici d'elle-même: quelle est donc
la manière ordinaire de procéder pour "partir
en langues"?
Oui, pratiquement,
comment nous ouvrir à l'exercice de ce don de prière
en esprit? Comment faire pour laisser jaillir de ma bouche ces
gémissements ineffables de l'Esprit? En théorie,
la réponse est simple: il suffit de se laisser faire par
l'Esprit Saint. Voilà qui est facile à dire
mais qu'est-ce que cela signifie exactement?
Il s'agit
d'abord de le désirer, de le demander à Dieu dans
la foi, de demander que l'Esprit vienne m'inonder de "ses
langues" pour que je connaisse cette joie de "prier
en esprit" et de "chanter en esprit".
Puis il faut
ouvrir la bouche et articuler des sons, laisser aller sa bouche,
ses lèvres et sa langue et se mettre à balbutier
comme font les petits enfants, se laisser aller ainsi à
balbutier et à chantonner en ne se permettant pas de raisonner
ou de s'objecter.
Car le don
des langues s'exerce dans un acte de foi; il est le fait des tout-petits
et de ceux qui veulent le devenir, se souvenant de cette parole
de Jésus qui a dit:
"En
vérité je vous le dis, si vous ne retournez à
l'état des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume
des cieux" (Mt 18, 3).
Autrement
dit, dans le parler en langues, c'est l'Esprit qui donne ce vocabulaire
nouveau, mais c'est moi qui donne le son, c'est à moi qu'il
appartient d'articuler et de sonoriser ces mots nouveaux, dans
un acte de foi, et d'en faire un parler nouveau, un chant nouveau,
par le fait de l'Esprit Saint(HAUT).
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Faut-il
attendre de sentir ou de ressentir quelque chose? Faut-il espérer
une saisie ou une poussée de l'Esprit Saint pour se mettre
à prier ou à chanter en langues?
Certains
croient que, pour se mettre à prier ou chanter en langues,
il faut une motion très forte de l'Esprit Saint.
Et en fait,
de telles motions existent, plutôt rares, mais elles peuvent
aussi être très discrètes comme "le bruit
d'une brise légère" (1 R 19, 12).
Certaines
personnes attendent que le chant en langues monte en elles d'une
manière quasi irrésistible. Mais il faut comprendre
que cela se passe tout autrement.
Tout charisme
est soumis à celui qui l'exerce. C'est nous qui chantons.
Il s'agit donc d'ouvrir la bouche pour prier, parler ou chanter
en langues et de le faire dans la foi.
Ceci implique
que le don des langues - on devrait dire "le don de prier
en langues" - peut être exercé par la décision
de celui qui l'a reçu.
Donc, ne pas
attendre pour prier en langues d'avoir une saisie miraculeuse
de l'Esprit venant s'emparer de mon cur et de mes lèvres,
quoique cela puisse se produire.
Et même
ceux qui ont bénéficié d'une telle merveille
de l'Esprit devront chaque fois par la suite, comme des petits
et des humbles, faire l'acte de foi et laisser balbutier leurs
lèvres.
Il arrivera,
il est vrai, surtout chez les débutants, que le fruit de
la pratique de ce don se fasse savourer sensiblement, soit qu'on
en éprouve une vive joie ou une paix sensible, ou encore
un élan de plénitude jamais éprouvé
auparavant.
Mais l'Esprit,
qui veut par ce don de prière en esprit nous conduire à
une foi plus ferme et plus profonde, aura tôt fait de nous
détacher de tout sentiment et de toute impression sensibles
et fera avancer "les parfaits" (He 5, 14) dans la foi
nue, privés des repères du monde sensible qui s'avèrent
à la longue des nuisances et des obstacles à la
foi.
Cette prière
en esprit - le don des langues - n'apporte rien à l'intelligence
puisqu'elle est constituée de mots inintelligibles et incompréhensibles.
Car alors, ma bouche n'émet pas de paroles distinctes,
mais des "sons confus" (1 Co 14, 8), des sons dont j'ignore
la valeur et dont nul ne connaît la valeur (cf. vv. 9, 11).
Même si ces paroles ont l'apparence d'un langage, c'est
un langage incompréhensible pour celui qui parle comme
pour celui qui entend.
Donc, ces mots ne m'instruisent pas; "mon intelligence n'en
retire aucun fruit" (v. 14) et les autres ne peuvent pas
en être édifiés (v. 17), car ces langues sont
incompréhensibles à l'esprit humain; elles n'ont
pas pour but d'enseigner ou d'instruire.
Leur raison
d'être et leurs fruits sont ordonnés à l'édification
personnelle, comme on va le voir plus loin. (HAUT)
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Mais
alors, pourquoi Saint Paul, dans ce fameux chapitre 14 de la première
épître aux Corinthiens, n'a-t-il pas donné
clairement "le mode d'emploi" du don des langues?
Manifestement,
à la lecture de ce chapitre, on se rend compte que Saint
Paul s'adressait à des initiés, c'est-à-dire
à des chrétiens qui connaissaient déjà
"le mode d'emploi" et qui avaient l'habitude de la pratique
courante de ce don de prière.
Le problème
n'était pas là, dans le groupe de prière
corinthien; le problème ne se situait pas dans le comment
partir en langues, mais plutôt dans le comment l'exercer
en assemblée: quelle doit être, dans la pratique
de ce don, la discipline nécessaire à observer pour
qu'il soit exercé dans l'ordre et dans la paix.
Des abus et
du trouble s'étaient produits dans les assemblées
de prière chez les Corinthiens: l'esprit de parti, l'esprit
de compétition, l'esprit de jalousie et de discorde (1
Co 1, 11-13; 3, 3ss), l'esprit de vanité (1 Co 4, 7) et
d'insoumission (14, 26-33), et l'exercice mal géré
du don des langues ne faisaient qu'exacerber les tensions en permettant
à des paons d'occuper le haut du pavé.
Et si Saint
Paul écrit aux Corinthiens, c'est - entre autres - pour
réglementer l'exercice de ce don,
"car
Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix"
(14, 33). (HAUT)
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À
la lecture de ce chapitre 14 de 1 Co, on dirait bien que Saint
Paul veut limiter l'exercice du don des langues à la prière
faite en privé. Comment alors l'exercer en assemblée
de prière?
Le
don des langues en effet, don de prière, s'exerce tout
d'abord et avant tout en privé. L'exemple de Saint Paul
lui-même est significatif à ce sujet:
"Je
rends grâces à Dieu de ce que je parle en langues
plus que vous tous; mais dans l'assemblée, j'aime mieux
dire cinq paroles avec mon intelligence, pour instruire aussi
les autres, que dix mille en langues" (1 Co 14, 18-19).
En effet,
comment un langage "barbare" (v. 11) pourrait-il être
"utile" (v. 6) aux autres puisque l'intelligence n'y
comprend rien? Comment mon prochain pourrait-il en être
"édifié" (v. 4)? Comment répondra-t-il:
Amen! à mon action de grâces puisqu'il ne comprend
pas ce que j'ai dit (cf. v. 16)?
Et si en plus,
en assemblée, des vaniteux osent se servir du don des langues
à qui mieux mieux pour se donner en spectacle (cf. Mt 6,
5), comme c'était le cas chez les Corinthiens, provoquant
ainsi émulation, trouble et tumulte, on comprend très
bien pourquoi Saint Paul s'est vu dans l'obligation d'émettre
une directive à première vue incontournable et des
plus strictes pour la pratique de ce don en assemblée.
Il écrit en effet:
"Lorsque
vous vous assemblez
Parle-t-on en langues? Que ce soit
le fait de deux ou de trois tout au plus, et à tour de
rôle; et qu'il y ait un interprète. S'il n'y a
pas d'interprète, qu'on se taise dans l'assemblée;
qu'on se parle à soi-même et à Dieu"
(1 Co 14, 26-28).
Mais pour
nous, dans nos groupes de prière, faut-il s'attacher à
la lettre à ce que demande Saint Paul? Ne faut-il pas plutôt
s'attacher à l'esprit de ce qu'il enseigne, selon l'adage
qu'il nous a lui-même transmis: "La lettre tue, mais
l'Esprit vivifie" (2 Co 3, 6)?
Il faut donc
regarder de plus près dans quel esprit l'Apôtre recommande
l'exercice des dons en assemblée, quels sont les grands
principes qui l'ont inspiré, afin d'en tirer une règle
de conduite pratique pour nos groupes de prière.
Le premier,
le grand principe à observer est celui-ci: "Que tout
se passe de manière à édifier"
(v. 26). C'est pourquoi, en assemblée, "celui qui
prophétise l'emporte sur celui qui parle en langues";
car celui qui prophétise édifie l'assemblée;
il parle aux hommes en un langage parfaitement intelligible; "il
édifie, exhorte, console", sa parole apporte
un enseignement ou une révélation (cf. vv. 1-6).
"Celui
qui prophétise l'emporte sur celui qui parle en langues,
à moins que ce dernier n'interprète pour que l'assemblée
en tire édification" (v. 5).
Si le parler
en langues devait s'exercer en assemblée par tel ou tel
membre parce qu'inspiré par l'Esprit Saint, alors, il faudrait
qu'entre en jeu le don d'interprétation pour que l'assemblée
puisse en tirer édification.
Rechercher
ce qui édifie a pour fondement un autre principe, celui
de la charité. Vient-il de recommander d'aspirer
aux dons supérieurs qu'aussitôt Saint Paul ajoute:
"Et je vais encore vous montrer une voie qui dépasse
toutes les autres voies" (12, 31): celle de la charité!
Et alors,
il entreprend de faire l'éloge de la charité dans
ce qu'il est convenu d'appeler maintenant L'Hymne à
la charité, commençant par cette solide mise
en garde:
"Quand
je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai
pas la charité, je ne suis plus qu'airain qui sonne ou
cymbale qui retentit"
(1 Co 13, 1).
C'est que
la charité - "qui ne passera jamais", qui est
plus grande que la vertu d'espérance, plus grande que la
foi même (13, 13) - est la base, la finalité et le
sommet de tous les dons et de toutes les vertus.
"Recherchez
la charité, aspirez aussi aux dons spirituels" (1
Co 14, 1): l'Apôtre nomme la charité en premier,
comme s'il écrivait: "Avant d'aspirer aux dons supérieurs,
commencez donc par rechercher la charité." Plus loin,
il écrira: "Que tout se passe chez vous dans la charité"
(1 Co 16, 14).
Enfin, un
dernier principe vient chapeauter tous les autres dans l'exercice
des dons en assemblée et c'est le principe de la paix.
"Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix"
(v. 33). Saint Paul en rajoute encore quand il écrit un
peu plus loin en conclusion globale de ce chapitre sur les charismes:
"Ainsi
donc, mes frères, aspirez au don de prophétie
et n'empêchez pas de parler en langues, mais que tout
se passe décemment et dans l'ordre" (1 Co 14, 39-40),
c'est-à-dire dans la paix.
Alors, que
conclure? Quelles leçons pratiques peut-on tirer des règles
édictées par l'Apôtre, pour l'emploi du don
des langues dans nos assemblées de prière?
- Tout compte
fait, celle-ci: que rien ne s'oppose à ce que s'ouvre une
assemblée de prière par une prière en langues
ou par un chant en langues, l'animateur interpellant toute l'assemblée
à laisser jaillir cette prière ou ce chant "en
esprit" pour entrer dans le recueillement et dans l'écoute
de l'Esprit Saint; ou encore, rien ne s'oppose non plus à
ce que l'animateur, au moment jugé opportun, fasse prier
ou chanter en langues tout le groupe pour le faire entrer dans
un temps de prière silencieuse.
Les principes
émis par l'Apôtre sont ainsi respectés: édification,
charité et paix.
Comme il ne
s'agit pas comme tel d'un "message en langues" venant
de tel membre de l'assemblée, il n'est pas besoin d'un
"interprète", il n'est alors pas nécessaire
que le don d'interprétation se manifeste, car l'apaisement
des curs procuré par le chant en langues, de même
que l'esprit de recueillement s'emparant de l'assemblée,
est la réponse de l'Esprit, est "l'interprétation"
donnée par l'Esprit à la mise en acte du charisme
des langues.
Ce qui n'empêcherait
point qu'une parole prophétique surgisse de ce chant ou
de ce prier en langues.(HAUT)
|
|
Mais,
si mon intelligence ne retire aucun fruit de cette prière,
quelle en est donc l'utilité? Quels sont les fruits du don
des langues? |
13.1
|
13.1
- Le don des langues est un don de prière. Ce don de prière
me permet de "prier en esprit" comme l'Apôtre
l'enseigne: "Si je prie en langues, mon esprit est en
prière" (14, 14).
Ce charisme
de l'Esprit me permet de "parler à Dieu" (v.
2), - pouvoir parler à Dieu, c'est tout de même quelque
chose! Saint Paul dit encore que ce don permet de "se parler
à soi-même et à Dieu" (v. 28); "de
dire en esprit des choses mystérieuses" (v. 2), ce
qui se traduit aussi par: "dire des mystères".
Ce don de
l'Esprit me donne la certitude dans la foi que "mon esprit
est en prière" (v. 14); il me permet de "chanter
une hymne avec l'esprit" (v. 15), de "bénir avec
l'esprit" (v. 16), de dire à Dieu "une action
de grâces qui est excellente" (v. 16-17); oui, l'Apôtre
l'affirme: la prière en langues est un moyen sûr
d'offrir à Dieu une action de grâces qui lui plaît,
"une excellente action de grâces" (v. 17).
L'usage régulier
du don des langues peut se faire n'importe où, intérieurement,
sans que les autres s'en rendent compte. Et lorsque l'on est seul,
rien n'empêche de le faire à haute voix. Il en résulte
des bienfaits qu'on en éprouve pour sa vie spirituelle.
L'exercice
de ce don aide de manière efficace dans sa prière
personnelle celui qui se consacre à l'oraison, ou lors
d'une intercession dans un groupe de prière, ou même
au volant de sa voiture, ou durant sa marche de santé,
ou en préparant le repas, ou pour mieux être attentif
à la personne qui parle ou enseigne, etc.
L'usage régulier
du prier en langues en rend la pratique de plus en plus simple
et sans problème aucun
pourvu qu'on n'aille pas se
mettre à raisonner et à s'objecter.
(HAUT)
|
|
Autre utilité du don des langues: il permet de prier exactement
dans le même sens que Dieu le veut, de demander à
Dieu ce qui lui est agréable pour soi-même et pour
toute l'Église.
Les langues
de l'Esprit Saint ne sont pas autre chose que ces "gémissements
ineffables" dont parle Saint Paul quand il écrit:
"L'Esprit
vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons que
demander pour prier comme il faut; mais l'Esprit lui-même
intercède pour nous en des gémissements ineffables
- cet Esprit qui se joint en personne à notre esprit
(Rm 8, 16) -, et Dieu qui sonde les curs sait quel est
le désir de l'Esprit et que son intercession pour les
saints correspond aux vues de Dieu" (Rm 8, 26-27).
L'Esprit Saint
connaît nos besoins personnels et ceux de tout le Corps
du Christ qu'est l'Église, et il connaît les désirs
de Dieu qui veut conduire tout homme à sa perfection.
Aussi, l'Esprit
façonne-t-il chaque pierre vivante et l'ajuste-t-il dans
la grande construction qu'est le Corps du Christ, qui s'élève
petit à petit jusqu'à la stature d'Homme parfait,
pour la plus grande gloire de Dieu le Père.
Le don des
langues s'exerce donc avec beaucoup de profit dans les prières
d'intercession, car l'Esprit nous aide ainsi à demander,
sous sa motion, ce qui correspond aux vues, aux plans, aux volontés
de Dieu sur nous. Ce serait une erreur que de limiter le charisme
du chant en langues à l'unique aspect de la louange. (HAUT)
|
|
La
prière en langues et le chant en langues sont des armes
de lumière des plus précieuses pour combattre
les tentations qui ne manquent pas de survenir dans la vie du
chrétien, du consacré, qu'elles viennent de la chair,
de l'esprit du monde ou du Malin.
L'antique
serpent - le menteur, le jaloux, l'homicide - lui qui "ne
vient que pour voler, égorger et détruire"
(Jn 10, 10) - cherche par tous les moyens à faire obstacle
à l'Esprit Saint et à briser son uvre sanctificatrice
en nous, et le don des langues a le pouvoir de culbuter le tentateur
là d'où il vient. C'est une merveille qui se vit
au quotidien, et tous ceux qui pratiquent ce don avec foi en font
l'heureuse expérience. (HAUT)
|
|
Le don des
langues est un antidote puissant contre "le fléau"
de la langue - la langue extérieure aussi bien qu'intérieure.
"C'est le monde du mal, cette langue placée parmi
nos membres, elle souille tout le corps
enflammée
qu'elle est par la Géhenne. La langue est pleine d'un venin
mortel, c'est un fléau sans repos" (Jc 3, 6, 8) qui
met à rude épreuve le cur du tout-petit qui
veut servir son Seigneur de toutes ses forces.
Qui peut la
dompter, cette langue? - Moi, dit l'Esprit, moi qui viens au secours
de votre faiblesse par mes gémissements ineffables! Ainsi,
par l'exercice du don des langues de l'Esprit Saint, le serviteur,
la servante de Dieu peut apprendre la maîtrise de sa langue,
se faire "prompt à écouter et lent à
parler", et devenir "parfait, capable de réfréner
tout son corps" (cf. Jc 1, 19; 3, 2).
(HAUT)
|
|
Le don des
langues s'avère une arme des plus efficaces dans le bon
combat de chaque jour que doit mener le chrétien pour se
garder dans la paix.
Car le trouble,
quelle qu'en soit la cause: les événements de la
vie, nos passions, les vexations de toutes sortes, etc., est toujours
un ennemi de la vie spirituelle, et le démon crie victoire
quand il réussit à troubler un serviteur, une servante
de Dieu.
La paix du
cur: comme on méconnaît et sous-estime ce grand
principe de la vie spirituelle! Le don des langues est un instrument
de choix pour acquérir une paix stable et féconde.(HAUT)
|
|
L'exercice
du "don des langues", du "prier en langues"
nous apprend que ce don ouvre la porte aux autres dons. Pourquoi?
- Sûrement parce qu'il demande une grande simplicité,
une vraie humilité, un profond abandon, une disponibilité
et une écoute attentive à l'Esprit.
En fait, pour
l'exercer, il faut accepter de renoncer à se demander ce
que vont penser les autres, pour "redevenir comme un petit
enfant" (Mt 18, 3). Si nous sommes prêts à cela,
l'Esprit Saint pourra certainement nous confier d'autres charismes
à exercer dans la foi, tels que la prophétie et
le discernement des esprits, qui nécessiteront de notre
part une foi agissante et une humilité encore plus grande.
Le don des
langues est encore la porte ouverte à tous les dons de
Dieu en ce qu'il affermit en nous la paix de Dieu, cette paix
mystérieuse "qui surpasse toute intelligence"
(Ph 4, 7). Et la paix de Dieu est nécessaire à l'âme
pour être attentive et sensible aux inspirations de l'Esprit
Saint, pour se laisser docilement mouvoir par lui, et pour entendre
sa voix au fond du cur.
Le Seigneur
pour parler au-dedans de notre cur veut que nous soyons
fidèles à garder sa paix et son silence, car "Dieu
habite dans la paix" (Ps 76, 3).
La pratique
du don des langues contribue à affermir l'âme dans
une paix stable, fondement de toute vie spirituelle, et à
la faire grandir dans la foi.(HAUT)
|
|
"Celui
qui parle en langues s'édifie lui-même" (14,
4). En effet, celui qui consent à faire cet acte de foi
de prier en langues s'édifie, c'est-à-dire construit
en son cur la foi, l'espérance et la charité,
se construit personnellement lui-même, ou plutôt construit
en lui "la tour" de sa vie spirituelle, de sa vie de
perfection (Lc 14, 28-30), cette maison de paix où Dieu
se plaît à habiter en permanence.
Voilà
bien des images pour parler du Royaume des cieux qui s'établit
mystérieusement dans l'âme.
Comme le don
des langues repose sur un acte de foi pratique en l'intervention
de l'Esprit Saint, toutes les autres vertus s'en trouvent ainsi
revigorées par le fait même: la justice (conformité
à la volonté de Dieu en toute chose), la longanimité
(patience dans les épreuves), la douceur, la confiance
dans les autres, la maîtrise de soi, l'écoute, la
serviabilité et la bonté, etc.
Il faut remarquer
que le don des langues ou le "prier en esprit" a un
statut quelque peu particulier par rapport à l'ensemble
des charismes. Alors que les charismes servent à l'édification
du Corps du Christ, force est de constater que le prier en langues
ou le chant en langues contribue à la sanctification personnelle
de celui qui l'utilise selon cette parole de Saint Paul:
"Celui
qui parle en langues s'édifie lui-même" (1
Co 14, 4), "...car celui qui parle en langues ne parle
pas aux hommes, mais à Dieu... il dit en esprit des choses
mystérieuses" (1 Co 14, 2).
C'est pourquoi,
comme nous sommes tous appelés à la sainteté,
nous recommandons fortement dans la prière personnelle
d'utiliser ce charisme de prière.
(HAUT)
|
|
C'est sans
contredit dans les exorcismes que le don des langues manifeste
toute sa splendeur et toute sa puissance; c'est là qu'on
peut constater de visu son efficacité et même sa
nécessité dans le combat pour détrôner
le Mauvais.
L'esprit du
mal est décontenancé et fortement pris à
partie par l'éclat de ce don de lumière et contraint
petit à petit de se soumettre et d'obéir aux hommes
de Dieu qui lui commandent au Nom de Jésus Christ de lâcher
prise et de s'enfuir à jamais dans les abîmes.
Expulser les
démons, c'est un miracle, dit Jésus (Mc 9, 38-40),
et la libération d'une âme liée par Satan
est une éblouissante merveille de Dieu.
Il m'a été
donné d'en être l'acteur et le témoin et d'expérimenter
en ces circonstances le pouvoir de ces deux prodigieux instruments
que sont le don des langues et le don de prophétie, et
j'en garde un souvenir inoubliable. (HAUT)
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Le don des langues est une excellente façon de disposer
l'âme à adorer Dieu "en esprit", puisque
ce don est "prière en esprit". C'est d'ailleurs
la façon dont Dieu veut être adoré, "en
esprit et vérité", comme Jésus nous
l'a révélé en dialoguant avec la Samaritaine:
"Crois-moi,
femme
L'heure vient, et nous y sommes, où les vrais
adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité,
car ce sont là les adorateurs tels que les veut le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est en esprit et vérité
qu'ils doivent adorer" (Jn 4, 23-24). (HAUT)
|
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La prière
en langues, le chant en langues dispose à entrer en oraison
et ouvre la voie à la prière contemplative.
Le don des langues, don de prière en esprit, don de louange,
s'avère un merveilleux atout pour entrer en oraison, dans
cette prière personnelle et silencieuse qui nous établit
dans le recueillement.
"N'entretenez
aucun souci, écrit l'Apôtre, mais en tout besoin
recourez à l'oraison et à la prière, pénétrées
d'action de grâces, pour présenter vos requêtes
à Dieu" (Ph 4, 6).
Saint Paul
exhorte les chrétiens à prier et à faire
oraison, oraison "mentale" selon l'appellation adoptée
par les maîtres de la vie spirituelle.
Selon Sainte
Thérèse, "l'oraison mentale n'est qu'un commerce
intime d'amitié où l'on s'entretient souvent seul
à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé".
Dans ce commerce
intime d'amitié, le don des langues dispose au recueillement
et rend le cur attentif au Bien-Aimé et aux désirs
qu'il y dépose.
Le don des
langues dispose à entendre les paroles suaves de l'Esprit
Saint qui viennent nourrir le cur, le fortifier, l'éclairer
sur ce qu'il doit faire.
Le don des
langues rend attentif aux supplications d'amour qui jaillissent
comme des jets, comme des flèches d'amour vers le Bien-Aimé,
ces supplications qui réchauffent le cur et attisent
ce saint amour pur et détaché.
Le don des
langues dispose l'âme à accepter de vivre paisiblement
ces périodes de sécheresse et d'aridité dans
lesquelles le Bien-Aimé semble se cacher, être absent
et lointain.
Le don des
langues est un soutien assuré de l'oraison pour garder
le cur attentif dans la foi au Seigneur présent et
pour écouter sa Parole dans un silencieux amour.
Le don des
langues, don de l'Esprit Saint, don de "prière en
esprit", va s'avérer un merveilleux instrument pour
entrer en oraison sans travail de l'intelligence, sans fatigue
de l'esprit, et pour avancer sur les eaux de la foi jusqu'au large,
c'est-à-dire jusqu'à l'union à Dieu.
Selon Saint
Paul, prier en langues "édifie" celui qui prie,
même s'il ne comprend pas le sens de ce qu'il dit, car son
esprit est en prière, bien que son intelligence soit au
repos (cf. 1 Co 14, 14).
Car cette
prière en esprit qu'est le don des langues nous libère
de la nécessité de réfléchir pour
formuler des mots, nous dépouille de l'effort intellectuel
qu'il faudrait faire pour prier et nous fait entrer dans l'acte
de foi nue, c'est-à-dire qu'il nous faut croire que cette
prière en esprit nous fait entrer en relation avec Dieu,
nous fait parler à Dieu (1 Co 14, 2) puisque "mon
esprit est en prière" (v. 14).
Lorsque la
prière en langues est faite fréquemment en privé,
elle devient un moyen de développer le silence intérieur,
rendant notre esprit paisible et libre pour communiquer directement
"en esprit" avec Dieu.
Cette prière
que nous pouvons appeler "purement contemplative" nous
permet d'être immergés en Dieu dans un simple acte
de foi, et pour cela, pas besoin de mots formulés par l'intelligence.
Durant notre
oraison, notre intelligence et notre réflexion peuvent
naturellement faire obstacle à cette immersion en Dieu,
nous privant ainsi du silence et du recueillement contemplatifs.
Comme le Seigneur,
qui est Esprit, nous attend pour communiquer avec nous sans paroles
et en silence, nous devrions doucement fermer notre intelligence
à vouloir formuler des paroles, car le Seigneur donne le
signe qu'il nous invite à la pacification de notre être,
c'est-à-dire au silence et au recueillement.
Pour l'âme,
cette vérité de foi demeure consolante malgré
la nuit obscure de la foi, la sécheresse, la désolation,
le sentiment de l'absence de Dieu en l'âme.
La prière
en langues s'avère en même temps un outil précieux
pour tenir en échec les distractions qui surgissent au
temps de l'oraison et pour nous donner du courage pour persévérer
dans la prière.
L'âme
peut alors être saisie par ce mystérieux silence,
moment de rencontre personnelle avec son Dieu, lui "qui comble
de bienfaits son bien-aimé quand il dort" (Ps 127,
2).
Et comment
les "gémissements ineffables" de l'Esprit Saint
montant de mon cur ne me conduiraient-ils pas à l'union
de mon âme et de tout mon être à Dieu?
On peut considérer la prière en langues comme étant
une voie dans l'oraison qui nous conduit plus facilement vers
la prière contemplative que lorsqu'on fait effort de chercher
nos propres mots pour prier.
On peut dire
que le prier en langues est un chemin plus rapide, un raccourci
pour entrer en union avec Dieu dans la contemplation infuse, dans
le silence et le recueillement de Dieu.
Ce don de
prière enrichit la vie du chrétien parce que l'Esprit
Saint lui-même parle en lui par "ses langues",
ce qui lui fait prendre conscience qu'il est un temple de l'Esprit
Saint.
On peut dire
que la prière en langues ou "prier en esprit"
est une forme d'oraison très propre à faire avancer
dans les voies de la vie spirituelle celui qui en est favorisé.(HAUT)
|
|
Certes,
le Seigneur nous affirme qu'il faut toujours prier, qu'il faut
vivre dans la prière au dire de Saint Paul. Mais comment?
Est-ce possible?
Tout d'abord,
je dois avoir tout au long du jour l'intention et le désir
de prier, d'invoquer le Seigneur présent à ma vie,
le désir de m'arrêter, de prendre un temps pour prier.
Puis c'est
moi qui décide que, par exemple, je vais réciter
mon chapelet, formuler des oraisons jaculatoires ou entreprendre
de réciter l'Office du bréviaire.
Il en est
ainsi pour le prier en esprit, le prier en langues. C'est moi
qui décide volontairement de prier en langues, en esprit.
Je peux le faire en tout temps, en toute circonstance, à
tout moment, silencieusement, ou à haute voix si je suis
seul.
Cependant,
il peut arriver et il arrive que je suis en méditation
ou en prière dans l'Esprit et que je sens, j'expérimente
que l'Esprit Saint m'invite à ne faire aucun effort pour
méditer ou formuler une prière ou prier en esprit.
C'est le moment de demeurer calme et paisible, collé à
la présence de Dieu en mon cur. C'est vraiment prier
Dieu en esprit que de le prier de cette façon sans me mettre
en peine pour trouver des mots à ma prière d'oraison.
Lorsque se
présentent des distractions qui me mettent en dehors de
la présence de Dieu, là c'est le moment de prier
en esprit, de prier en langues, jusqu'à temps que l'Esprit
ait pris possession de mon cur et de mes pensées
pour me conduire dans la tranquillité de l'esprit, dans
la paix de l'âme.
(HAUT)
|
|
Le don
des langues peut-il être le fait de tout le monde? Est-ce
que tous peuvent parler, prier ou chanter en langues?
Saint Paul
écrit: "Je désire que vous parliez tous en
langues" (14, 5); et encore: "N'empêchez pas de
parler en langues" (v. 39). Lui-même s'exclame à
un moment donné: "Je rends grâce à Dieu
de ce que je parle en langues plus que vous tous" (v. 18).
À la
lecture de ces versets, il est légitime de penser que l'exercice
du don des langues pourrait être le fait de tout le monde
en effet, d'autant plus que Saint Paul exhorte ainsi ses chers
Corinthiens: "Aspirez aux dons supérieurs" (12,
31), "Aspirez aux dons spirituels" (14, 1); et encore:
"Puisque vous aspirez aux dons spirituels, cherchez à
y exceller" (v. 12).
Mais ailleurs,
cependant, Saint Paul apporte une nuance quand il écrit:
"À
chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue
du bien commun. À l'un, ceci, à tel autre, cela
;
à un autre les diversités de langues, à
tel autre le don de les interpréter. Mais tout cela,
c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant
ses dons à chacun en particulier comme il l'entend"
(1 Co 12, 7-11).
"Aucun
don spirituel ne vous manque", écrit l'Apôtre
(1 Co 1, 7), mais cependant il y a pluralité de membres
dans le corps unique que nous formons, d'où la diversité
de dons spirituels, la diversité de ministères,
la diversité d'opérations; si "c'est le même
Dieu qui opère tout en tous, (par contre) à chacun
la manifestation de l'Esprit est donnée... " (cf.
1 Co 12, 4-7).
"Ainsi
nous, à plusieurs, nous ne formons qu'un seul corps dans
le Christ, étant, chacun pour sa part, membres les uns
des autres, mais (nous sommes) pourvus de dons différents
selon la grâce qui nous a été donnée"
(Rm 12, 5-6).
Puisqu'il
en est ainsi, puisqu'il y a cette diversité et cette variété
nécessaires, Saint Paul peut bien s'écrier:
"Tous
sont-ils apôtres? Tous sont-ils prophètes? Tous
sont-ils docteurs? Tous font-ils des miracles? Tous ont-ils
des dons de guérisons? Tous parlent-ils en langues? Tous
interprètent-ils?" (1 Co 12, 29-30).
Mais il enchaîne
aussitôt en disant: "Aspirez aux dons supérieurs,
aspirez aux dons spirituels" (12, 31; 14, 1); il nous fait
donc ainsi le commandement, il nous intime l'ordre de demander
à Dieu ce don "supérieur" (12, 31) qui
édifie en nous la vie de foi et qui permet de parler à
Dieu.
Alors, tous
peuvent-ils parler en langues? - Oui, certainement! Tous doivent-ils
aspirer à ce don? - Assurément! L'Apôtre nous
en fait l'obligation
à tout baptisé en tout
cas, à tout baptisé qui s'éveille à
la vie dans l'Esprit et qui veut entrer dans sa mouvance et connaître
dans l'intime du cur ses touches divines.
"Aspirez
aux dons supérieurs! Aspirez aux dons spirituels! Et
n'empêchez pas de parler en langues!" (12, 31; 14,
1, 39). (HAUT)
|
|
Chantez,
chantez au Seigneur ce chant nouveau!
L'exhortation
impérative de l'Apôtre n'a rien perdu de sa vigueur
ni de son actualité, et je ne trouve pas de meilleure façon
de conclure ces pages que de vous la redire:
"Aspirez
aux dons supérieurs, aspirez aux dons spirituels, et
ne vous empêchez pas de parler, de prier et de chanter
en langues!"
Ayez foi en
la sagesse de Dieu venue nous instruire par l'Apôtre, elle
qui "ouvre la bouche des muets et délie la langue
des tout-petits" (Sg 10, 21).
"C'est
par la bouche des tout-petits et des nourrissons qu'il a plu
à Dieu de se ménager une louange" (Mt 21,
16).
Laissez-vous
aller à balbutier comme font les nourrissons, laissez aller
vos lèvres et donnez du son. Sonorisez ces "gémissements
ineffables" qui ne demandent qu'à jaillir de votre
cur et l'Esprit de Dieu vous fera vivre de belles merveilles;
vous rendrez grâce en chantant avec le Psalmiste:
"Le
Seigneur a mis sur mes lèvres le cantique nouveau
Je te chante, mon Dieu, en présence des anges" (Ps
40, 4; 137, 1).
Et si déjà
ce don s'est exprimé chez vous, en votre vie, ne le négligez
pas mais servez-vous-en souvent, en toute circonstance et en tout
lieu, pour chanter à Dieu votre reconnaissance (Col 3,
16), pour fortifier en vous la paix, l'esprit de foi et de piété,
l'amour de la croix et l'ouverture toujours renouvelée
de votre cur à l'accomplissement de la volonté
divine. (HAUT)
|
|
F.
Jacques Roy, berger
des Pauvres
de Saint-François
|
|
|
|
Prière à l'Esprit Saint.
"Esprit
qui distribues à chacun des charismes,
Esprit de sagesse qui aimes les hommes,
emplis les Prophètes,
parfais les Apôtres,
fortifie les martyrs,
inspire l'enseignement des docteurs.
C'est à toi, Dieu Paraclet,
que nous adressons ces supplications
avec cette fumée odorante,
demandant de nous renouveler maintenant
de tes saints dons,
de reposer sur nous comme sur les Apôtres
au Cénacle.
Répands sur nous tes charismes,
remplis-nous de la sagesse de ta doctrine,
fais de nous les temples de ta gloire,
enivre-nous du breuvage de ta grâce."
Églises
de rite syriaque
Office de Pentecôte
(HAUT)
|
|
Bibliographie
sommaire |
19.
|
ROY, Jacques,
Illumination, chapitre 3: Don des langues, Trois-Rivières,
Les Pauvres de Saint-François, 1976, pp. 79-130.
ROY, Jacques,
La Règle et la vie des Pauvres de Saint-François,
chapitre 3: De la nécessité de prier sans relâche;
des moyens pour y parvenir, nos 2 à 6, 1987.
SULLIVAN,
Francis A., s.j., Charismes et renouveau charismatique
(Étude biblique et théologique - Préface
du Cardinal Suenens), chapitre VIII: Le don des langues, Collection
Chemin Neuf - Pneumathèque, pp. 197-246.
SOUBEYRAND,
Pierre, Si tu savais le feu de la prière, chapitre:
La prière en esprit, Paris, Pneumathèque, 1977,
pp. 128-130.
Je suis
au milieu d'eux - L'exercice des charismes, Éditions
de l'Emmanuel, 1993, pp. 63-73.
(HAUT)
|
|
Annexe |
|
Réponse
à un jeune aspirant à la vie religieuse qui se questionne
sur le don des langues.
Mon cher frère,
Que le Dieu trois fois saint te donne sa paix et de recevoir dans
une bonne terre la semence de la parole que je t'adresse aujourd'hui,
espérant qu'il te sera possible d'entrer davantage dans
les mystères du Seigneur!
En réponse
à ta question sur le "parler en langues", je
veux t'entretenir sur la prière incessante que doit envisager
celui qui veut être un vrai serviteur de Dieu. Tu connais
sûrement cette parole de Jésus:
"Il faut
toujours prier sans jamais se lasser" (Lc 18, 1);
et ces exhortations
de Saint Paul:
"Vivez
dans la prière, les supplications et l'action de grâce
dans l'Esprit Saint en y apportant une vigilance inlassable"
(Ep 6, 18);
"En tout besoin, recourez à l'oraison et à
la prière, pénétrées d'action de
grâces, pour présenter vos requêtes à
Dieu. Alors, la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence,
prendra sous sa garde vos curs et vos pensées dans
le Christ Jésus" (Ph 4, 6-7).
M'inspirant
des paroles de Saint Paul, donc de paroles divinement inspirées,
j'affirme qu'il faut se rappeler que l'Esprit Saint habite en
chacun de nous et vient au secours de notre faiblesse. C'est lui
qui se joint en personne à notre esprit et intercède
pour nous selon les desseins du Père en vue du bien commun.
C'est pourquoi,
comme l'atteste l'Écriture, il faut être persuadé,
dans un grand esprit de foi, que lorsque l'Esprit Saint se joint
à notre esprit pour "prier en langues", notre
esprit est vraiment en prière, même si notre intelligence
n'en retire aucun fruit, mais l'âme en retire le grand fruit
de la paix.
Par ce don
de prière, notre esprit parle vraiment à Dieu, par
l'Esprit Saint qui met sur nos lèvres et dans notre cur
des paroles que nous ne comprenons pas, mais que Dieu accueille
par son Esprit. C'est ainsi que notre esprit le supplie, le loue,
le bénit et lui rend grâces par l'Esprit et dans
l'Esprit.
Cette habitude
de "prier en langues" ou de "parler en langues"
à Dieu (c'est-à-dire, en secret dans notre cur)
édifie, construit en nous la foi, l'espérance et
la charité. Cette prière est une action de grâces
excellente au dire de Saint Paul.
C'est pourquoi
il dit aux Corinthiens qu'il prie plus qu'eux tous en langues.
Il le faisait certainement en son cur. Mais, en assemblée,
il faut s'exprimer dans la langue du peuple présent afin
qu'il puisse répondre "Amen" à cette prière.
De toute façon,
je t'invite à lire attentivement le chapitre 14 de la première
épître aux Corinthiens, en particulier les versets
13 à 19. Ainsi, tu pourras mieux comprendre pourquoi je
te dis que "celui qui prie ou parle en langues" fait
une vraie prière de foi, car c'est l'Esprit Saint lui-même
qui, à travers notre prière, bénit, loue,
rends grâces et même demande pour nous selon le dessein,
le plan du Père.
Voilà
pourquoi, chez les Pauvres de Saint-François, il est dit:
"Que les frères ne s'empêchent pas de parler
à Dieu en esprit en "priant en langues" sous
prétexte que l'on ne comprend rien, que l'on ne sent ni
ne goûte rien dans cette prière."
Cette prière
dans l'Esprit conduit à la contemplation. Elle nous apprend
à nous détacher du "sensible", du "goût
charnel" que l'on peut rechercher dans la prière,
car on est souvent porté à se laisser conduire par
notre goût pour juger si notre prière est bonne ou
ne l'est pas.
Délaisser
ou rejeter cette forme de prière de foi comme inutile serait
coopérer à l'uvre de notre ennemi commun,
car il sait que "prier ou parler en langues" est une
arme redoutable contre lui et toutes ses astuces. Il sait que
cette prière de foi dans l'Esprit affermit solidement le
serviteur de Dieu dans l'exercice des charismes de prophétie
et de discernement des esprits, ainsi que dans l'amour du Père,
du Fils et du Saint-Esprit.
Ce qui est
important, mon cher frère, c'est que tu supplies ardemment
et fréquemment pour que l'Esprit t'enseigne et te fasse
entrer dans cette prière ininterrompue. Peu importe la
forme ou la manière de prier, le Seigneur te fera comprendre
et vivre l'expérience du "prier en langues" ou
du "parler en langues".
Sois désireux
qu'il prenne possession de ton esprit, de tes lèvres et
de tout ton cur.
Certes, ce
"prier en langues" n'est pas l'unique façon de
prier. Les moines d'Égypte faisaient des prières
fréquentes mais très courtes et comme lancées
à la dérobée que certains appellent "oraisons
jaculatoires". Ceci afin que ne soit pas dispersée,
gaspillée cette attention vigilante et soutenue si nécessaire
à l'homme qui prie.
En fait, la
prière ne doit pas comporter beaucoup de paroles, mais
beaucoup de supplications en persistant dans une fervente attention.
Beaucoup prier,
c'est frapper par le désir à la porte de Celui que
nous prions par l'activité insistante et religieuse du
cur. Plus souvent par les gémissements que par les
discours, plus souvent par les larmes que par la formulation de
phrases.
Au fond, quand
nous prions, notre grand désir, notre grande aspiration
se traduit par ce verset du Psaume que l'Esprit Saint a inspiré
au psalmiste:
"La seule chose que je demande au Seigneur, la seule que
je cherche, c'est d'habiter la maison du Seigneur tous les jours
de ma vie, de savourer la douceur du Seigneur, de rechercher
son palais" (Psaume 27, 4).
En fait, ces
jours n'ont pas de fin. Ce verset exprime ce grand désir
d'obtenir cette Vie bienheureuse, c'est-à-dire Celui qui
est en personne la Vie véritable et qui nous a enseigné
à prier.
Non pas avec
un flot de paroles comme si nous devions être exaucés
du fait de notre bavardage: en effet, comme dit le Seigneur Jésus,
avant même que nous ayons manifesté nos demandes,
notre Père du ciel connaît nos besoins.
Il faut toujours désirer la Vie bienheureuse afin d'être
toujours en état de prière. Mais les soucis, les
affaires et les attaches de toutes sortes affaiblissent jusqu'au
désir de prier; c'est pourquoi, à heures fixes,
il est important de nous arrêter et de prendre un temps
d'oraison; ce précieux temps d'oraison nous permet de ramener
notre esprit en présence de Dieu.
C'est là,
mais pas seulement là, qu'intervient l'exercice, la pratique
du "prier en langues" qui vient au secours de notre
esprit pour se recueillir, surtout lorsque nous avons beaucoup
de difficultés à formuler de simples mots ou des
oraisons jaculatoires, ou encore parce que nous sommes assaillis
de distractions multiples ou de tentations.
Cher ami,
l'insistance de Saint Paul à "prier sans cesse"
signifie simplement: désirer sans cesse la Vie bienheureuse
qui n'est autre chose que la Vie éternelle qui elle-même
est Celui qui, seul, a pouvoir de nous la donner.
Je t'ai entretenu
longuement sur la prière, j'ai utilisé tout mon
temps pour le faire et j'espère que tu prendras toi aussi
tout le temps de me lire et de méditer ce texte afin que
tu en acquières l'intelligence.
Je l'ai fait
pour que ton cur et tout ton être aspire à
devenir une âme ardente de prière et que le Seigneur
se fasse une joie de se servir de toi comme serviteur (
)
Que Dieu par son Esprit Saint t'accorde de persévérer
à son service (
)
Que le Seigneur
te bénisse et te garde, qu'il te montre son Visage, qu'il
étende sur toi sa miséricorde et te comble de sa
douce paix!
Ton frère
dans le Seigneur Jésus,
F. Jacques Roy, berger
des Pauvres de Saint-François
Octobre 2002
(HAUT)
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